Oublier de penser
"Il me laissa dans cet état pendant une minute. Enfin il alla chercher une couverture dans un coin, l'étendit à terre et me dit :
- Tu as trop bu. Couche-toi là dessus, repose ta carcasse et réfléchis.
Je me sentais inondé de paix. Maintenant je pouvais penser librement. Or je m'endormis.
Je me réveillai très vexé, d'abord parce que Marcellin me disait qu'"avec mes ronflements j'empêchais tout le monde de rêver" et aussi parce que j'avais le souvenir confus d'avoir encore une fois manqué une occasion de penser. Mais de ça je me consolais vite en me disant que la prochaine fois je m'enfoncerais une épingle dans la cuisse, ou quelque chose comme ça, pour ne pas oublier."
René Daumal La Grande Beuverie
(c) Editions Gallimard 1938
- Tu as trop bu. Couche-toi là dessus, repose ta carcasse et réfléchis.
Je me sentais inondé de paix. Maintenant je pouvais penser librement. Or je m'endormis.
Je me réveillai très vexé, d'abord parce que Marcellin me disait qu'"avec mes ronflements j'empêchais tout le monde de rêver" et aussi parce que j'avais le souvenir confus d'avoir encore une fois manqué une occasion de penser. Mais de ça je me consolais vite en me disant que la prochaine fois je m'enfoncerais une épingle dans la cuisse, ou quelque chose comme ça, pour ne pas oublier."
René Daumal La Grande Beuverie
(c) Editions Gallimard 1938
2 Comments:
oui !(et le mont analogue c'est bien aussi)
Modiano ! Modiano !
Enregistrer un commentaire
<< Home